FFF In Space - Prologue

Auteur : Giss

" Noooooooooooooon ! " s'écria Giss alors que son cauchemar le réveillait.

 

     Depuis cinq ans maintenant, il revivait chaque nuit l'attaque des Robots sur Hadesheim. Le bruit de leur vaisseau mére s’écrasant volontairement avait été assourdissant. La terre avait tremblé, des cendres avaient recouvert la planète provoquant une petite ère glaciaire. Heureusement que les colons avaient eu la bonne idée de construire des terminaux de résurrection dans les stations spatiales et des relais dans des bunkers sur Eudoria et Amethera. La plupart des âmes, dont la sienne, avaient été sauvées et les corps reconstitués à l'abri des robots. La douleur des brûlures bien que totalement effacée de son corps était ancrée dans sa mémoire. Demain il devrait redescendre, le général Kia Shane Iro lui en avait donné l'ordre la veille.

 

" - Colonel Giss... Repos. Les éclaireurs ont annoncé que la planète redevenait viable. Demain vous descendrez sur Amethera avec un détachement armé composé par le Colonel Dejune, le capitaine Superchinos et le sergent aux airs de petite fiotte - comment s'appelle-t-il déjà ?

 - Lemargrag mon Général.

 - Oui c'est ça Lemargrag. Je sais que vous n'aimez pas ça mais vous prendrez aussi une arme. Vous serez chargés de localiser des veines de gazzurdite et de caldorite nous en avons besoin pour la fabrication d'armes. Pendant ce temps vos équipiers sécuriseront la zone et feront un peu de limitation de la faune locale. Le colonel Dejune prendra le commandement de cette expédition.

- Mais...

- Pas de " mais " ! Il est plus expérimenté que vous et au moins lui il sait par quel côté on tient un Justifier !

- Bien mon général ", répondit-il vexé. Giss n'aimait pas qu'on lui rappelle qu'il avait échoué aux derniers tests de tir au fusil. Son métier c'était l'exploitation minière, l'analyse des données, pas militaire.

 

     Le général, enfin La générale, lui donna la suite de son ordre de mission personnel, les autres membres de l'équipe ne devaient pas en avoir connaissance et cela lui déplaisait. Ce n'était pas dans les habitudes de Kia de faire des cachotteries et si Dejune venait à l'apprendre il serait bon pour une sacrée engueulade.

 

     Giss quitta sa couchette, se dirigea vers le lavabo. La glace lui revoyait ses traits tirés, il avait maigri et il n'avait désormais plus besoin de raser son crâne où se reflétait la lumière de l'ampoule. Il enfila sa Rascal, connecta les plaques de renfort de type 5b qui lui donnait un surplus de protection contre les chocs. Il attacha à sa ceinture son Breer p5a, un pistolet laser fiable et facile d'usage. Il récupéra son sac qui contenait son matériel de recherche, ses sondes, son extracteur il passerait plus tard chez son fournisseur d'amplificateurs de signal.

 

Il se dirigea droit vers la cabine du colonel Beverly Marsh. Elle était dans une semi-retraite depuis qu'elle avait laissé le commandement à Kia mais ses conseils lui seraient précieux tout autant que la certitude qu'elle ne parlerait de cet entretien à personne.

 

"Je peux entrer Bev ? T'es en tenue décente ?

- Oui Giss. Entre.

- C'est CA que tu appelles une tenue décente ! "

 

Beverly, comme souvent à son habitude, était en sous-vêtements. C'était une petite brune d'environ un mètre soixante-cinq, sa coupe au carré mi-long encadrait de jolis yeux verts où de fines pattes d'oie commençaient à se former. Elle chassait régulièrement les atrox dans cette tenue et Giss se demandait souvent ce qui la motivait réellement dans cette prise de risque. C'était inconsidéré selon lui. Malgré tout il avait eu l'occasion de s'entrainer avec elle et sa rapidité et ses reflexes étaient assez impressionnants pour lui permettre de faire face à ces monstres sanguinaires.

 

" - Tu voudrais pas mettre au moins un t-shirt ?

  - T'es mignon quand tu rougis Giss ! " répondit-elle en riant. Elle attrapa une robe de chambre en soie à motif de l'ancien japon (enfin c'est ce qu'elle lui avait dit) sur un dossier de chaise et l’enfila.

 

" Qu'est-ce qui t'amènes si tôt ici ? Tu t'es encore pris la tête avec Jam ?

  - Oh ça va hein ! C'est réglé cette histoire ! D'ailleurs on ne le voit plus beaucoup depuis le cataclysme. J'espère sincèrement qu'il s'en remettra. Plus sérieusement je suis venu te voir au sujet de l'ordre de mission "spécial" que m'a confié Kia. Tu es au courant ?

  - Oui.

  - J’étais sûr que c'était ton idée ! Mais pourquoi ?

  - Le CDF nous a demandé un service et on ne dit pas non au CDF.

  - Mais POURQUOI ?!

  - Ne crie pas je déteste ça. Parce que c'est d'intérêt public. Il en va de la survie de toute la colonie. Alors pour une fois cesse de faire l'enfant, prends ton matos et ton courage à deux mains et va faire ton job ! "

 

Giss baissa les yeux et réfléchit. Ce qu'on lui demandait vraiment lui semblait insensé. Ils prenaient un gros risque car les terminaux de résurrection de Calypso étaient désactivés. Ils mourraient pour de bon et personne ne viendrait les chercher en cas de gros problème.

 

" J'ai la trouille Bev.

 - Tant mieux c'est certainement ce qui te permettra de revenir et de ramener les autres !"

Elle lui sourit l'embrassa sur la joue - elle se prenait pour la mère de tout le monde, un peu comme Leyaelle - et le mit dehors.

 

     Giss était désemparé. Beverly l'avait tout simplement jeté dehors et n'avait pas répondu à ses questions. Son estomac se nouait de plus en plus et la peau de son crâne le grattait, signe annonciateur d'ennuis à venir. Il n'avait pas le choix, ses ordres étaient clairs et indiscutables. Il décida alors d'aller se passer les nerfs sur le sergent Lemargrag. Il se dirigea donc vers les quartiers des sous-officiers longeant les couloirs métalliques de la station Gamma éclairé par les lampes de lumis leach. Arrivé devant la cabine du sergent, il tambourina de toutes ses forces.

 

"LEMA ! DEBOUT SALE FEIGNASSE !"... pas de réponse...

"PUTAIN MAIS TU VAS BOUGER TON GROS CUL DE TON PUTAIN DE LIT ! OUVRIR CETTE PUTAIN DE PORTE ET TE MAGNER LE TRAIN ! ON PART DANS 15 MINUTES !" Il n'avait aucune raison de crier, ni de parler comme ça. Il évacuait son stress.

 

     La porte de droite s'ouvrit sur le visage défait du sergent Tharsis qui avait visiblement bien profité de sa permission. "Moins fort colonel s'il vous plait ! J’ai l'impression qu'un troupeau d'exarosaurs passe dans le couloir ! Et puis le sergent Lema est parti il y a au moins quarante minutes. Je l'ai croisé en rentrant du Club Neverdie.

 

 - Pardon sergent. Retournez vous coucher, vous en avez visiblement besoin. Et merci pour le renseignement."

Cette journée n'était vraiment pas la sienne pensait Giss tout en errant dans les coursives et rongeant son frein. Ses pas le menèrent machinalement à la salle de briefing où tout le reste de l'équipe l'attendait déjà.

 

" Alors Gissounet ? On a eu une panne d'oreiller ? demanda Dejune

 - Non, plutôt une panne de sommeil. Momo ne dit rien ou je te colle une baffe. Si je suis à la bourre c'est que je suis passé chercher Lema dans ses quartiers. Pour rien d'ailleurs."

 

Momo (le capitaine Superchinois) et Dejune regardaient Giss avec étonnement. Ses coups de gueule étaient monnaie courante et bien connus chez les Fight For Fun mais il n'avait pas l'habitude de s'y adonner juste avant une mission. Lema lui finissait de remonter son Isis LR66. C'était un fusil laser de conception ancienne mais Lema l'avait customisé en modifiant les puces d'impulsion et le système de refroidissement son fusil lui permettait de tirer plus loin et d'envoyer des décharges d'énergie 30% plus importante qu'un fusil normal. Lema posa la carabine devant lui, à côté de son pistolet et d'un couteau de chasse gros comme un hachoir.

 

Dejune massait ses jambes, il avait subit une chirurgie lourde après le cataclysme et une seconde deux mois auparavant en vue de renforcer son endurance musculaire et la cicatrisation n'était pas complète. Momo souriait. Il était toujours de bonne humeur et encore plus lorsqu'il partait en chasse.

 

" Giss, fronce pas les sourcils ça fait plisser ton crâne.

 - Capitaine nous sommes en mission. Gardez ces privautés pour notre retour !

 - Giss, détend toi ! On va juste faire une petite reco, tu vas récupérer quelques kilo de cailloux et on remonte alors passe pas tes nerfs sur Momo !

 - Pardon Juju. C'est la première fois que je retourne sur Calypso depuis le crash et ça me rend dingue.

 - Passons. On va nous téléporter dans les montagnes de New Switzerland. On part pour 72 heures. Momo, Lema et moi on va sécuriser la zone sur un rayon de deux kilomètres. Toi Giss tu sonderas le sol pour nous trouver de la gazzu c'est bien ça ?

 - Oui oui. Et un peu de caldorite si on a de la chance. Lema ? T’aurais pas bricolé un ou deux amplificateurs de signal par hasard ?

 - Non. J'étais trop occupé à travailler sur mon LR66.

 - Tant pis je ferai sans.

 - Bon les gars c'est l'heure. La station sort de la fenêtre de téléportation dans cinq minutes alors on papotera en bas."

 

     Dejune pris la tête de la colonne en direction des téléporteurs. Lema frottait son fusil. Momo souriait. Giss regardait ses pieds pour ne pas attirer l'attention. Dejune ne savait pas. Momo et Lema encore moins. Par sa faute ils mouraient peut-être tous les quatre. Ils arrivèrent au téléporteur. Ils saluèrent l'opérateur et s'engagèrent dans le champ de force.

 

     Giss voulu les avertir mais trop tard. L'opérateur avait enclenché la téléportation. 0.016 seconde plus tard leurs corps se recomposaient sur Amethera, l'un des trois continents colonisés de la planète Calypso. La vue de Giss lui revenait petit à petit. Il n'entendait ni la respiration ni les pas des trois autres. Il ne les voyait pas non plus. Le plan de Kia avait fonctionné. Giss sortit le brouilleur de fréquence de la manche de son armure, l'ouvrit, récupéra les accumulateurs, l'antenne et un transpondeur. Avec ces pièces il pourrait se bricoler un petit amplificateur. Certes sa portée serait faible et il pouvait claquer à tout moment mais c'était mieux que rien. Il éteignit son modcom, écrasa sous son talon le reste du brouilleur et partit vers le sud. Les autres devaient se trouver environ dix kilomètres au nord de sa position et il devait se dépêcher d'augmenter la distance qui les séparait. Sans lui ils auraient une chance de rentrer vivants.